BabyCouv’

1. Contexte

Lorsqu’un enfant naît trop tôt, il est plus à risque de développer une altération de sa fonction visuelle qu’en cas de naissance à terme. Des troubles significatifs de la vision sont retrouvés chez 3 % des enfants nés prématurément, c’est-à-dire nés avant 8 mois de grossesse. L’atteinte visuelle peut être très sévère, allant jusqu’à la perte de la vision chez 1 % des enfants, en cas d’anomalie de la rétine du prématuré, appelée rétinopathie. L’altération de la vision peut aussi se traduire par des troubles comme la myopie, l’hypermétropie, l’astigmatisme voire une baisse d’acuité visuelle. Le taux de troubles de la vision atteint 57 % des enfants nés prématurément avant 6 mois de grossesse, à l’âge de 5 ans.1 Une acuité visuelle diminuée peut être source de difficultés d’apprentissage de l’enfant et il est important de tout faire pour l’éviter ou l’atténuer.2 Il a ainsi été noté que des anciens prématurés nés avant 6 mois de grossesse et présentant un déficit visuel à l’âge de 2 ans avaient plus souvent un retard psychomoteur que ceux nés au même niveau de prématurité mais ne présentant pas de déficit visuel.3




2. Développement visuel et position du problème


Le développement visuel se fait en 3 étapes.4 La première étape est la formation anatomique de l’œil, influencée par la génétique, la seconde correspond à une stimulation dite endogène que le fœtus reçoit lorsqu’il est encore in utero, dans le ventre de sa maman, et la troisième, l’expérience visuelle par stimulation lumineuse que le nouveau-né reçoit après sa naissance.4 Les enfants nés prématurément sont à haut risque de vulnérabilité du développement visuel car la deuxième étape de ce développement, qui se produit normalement in utero, est au minimum raccourcie voire absente du fait de la naissance trop précoce.

Normalement, lors du 3ème trimestre de grossesse, in utero, le sommeil du fœtus se structure et l’association au sommeil paradoxal est indispensable pour préparer le système visuel à recevoir l’expérience de l’exposition à la lumière.5 Pendant cette période, se développe une première organisation grossière de la topographie des voies visuelles avec mise en place de connexions nerveuses fonctionnelles. Ces connexions peuvent être au minimum altérées par le tabac, l’alcool, les drogues et médicaments entraînant une dépression du système nerveux, mais aussi des troubles du sommeil, des stimuli lumineux ou auditifs trop forts et continus, et l’absence d’alternance entre des périodes d’obscurité et des périodes de stimulation lumineuse modérée.5


En effet, les photorécepteurs en cours de développement, contribuent à la synchronisation entre d’une part les rythmes basés sur les variations lumineuses cycliques de l’environnement (alternance jour-nuit) et sur l’ horloge biologique interne générant des oscillations sur 24h, d’autre part, les systèmes effecteurs qui aboutissent à la régulation des rythmes physiologique.5


Le développement neuro-visuel précoce va être perturbé par la lumière intense directe. Pour pallier cette difficulté, la prise de conscience d’un éclairage souvent excessif des Unités de soins a conduit certains à proposer une occultation complète des couveuses. Malheureusement, le manque d’objets permettant de fixer le regard, le manque d’attention, et l’absence de lumière adéquate en phase d’éveil perturbent également le développement visuel4. Il est ainsi possible que les troubles observés soient dus à une perturbation de la régulation du surnombre de connexions nerveuses qui existe au moment de la naissance.1


En cas de naissance prématurée, le nouveau-né a besoin de lumière pour la mise en place de son horloge biologique.4,5 Celle-ci doit être suffisante, respectant les rythmes veille-sommeil, indispensable à la mise en place des cycles hormonaux, mais non excessive.


Diminuer la luminosité environnementale des prématurés permet une meilleure ouverture des yeux et une meilleure stabilité clinique. Associée à la réalisation de cycles jour/nuit des bénéfices significatifs ont été constatés sur la tolérance digestive de l’alimentation, la prise pondérale et le sommeil.6 Enfin, malgré les dispositifs de surveillance monitorée, l’intérêt d’une observation par le personnel en charge des soins et la nécessité de garder un contact visuel spontané pour l’établissement d’une relation parents-enfant harmonieuse sont des paramètres fondamentaux qui entrent en jeu dans ce que l’on appelle aujourd’hui les soins de développement.




3. La solution proposée


BabyCouv’ est une invention qui a pour objet d’offrir de nouveaux moyens pour répondre aux inconvénients décrits ci-dessus. Il s’agit de proposer un dispositif de couverture pour couveuse de nouveau-nés dont la forme particulière assure une protection contre éclairage direct excessif 4,6,7 mais laisse passer une lumière suffisante pour la mise en place des rythmes de l’horloge biologique.1,4 De forme découpée en biseau, elle comporte un sens longitudinal caractérisé en ce qu’une de ses extrémités est de largeur deux fois supérieure à sa largeur à son extrémité opposée; et qu’au moins dans la partie médiane de sa largeur la plus importante. L’occultation qui n’est que partielle permet de maintenir un contact visuel pour les parents et l’observation des soignants.7



L’invention propose aussi un dispositif de cible visuelle adaptée aux nouveau-nés caractérisé en ce qu’il comporte une série de bandes longitudinales, parallèles et contrastées, faisant face au regard du nouveau-né à une distance compatible avec sa perception visuelle. Cet algorithme attire et fixe le regard de l’enfant de façon intermittente palliant ainsi le manque d’attention et de stimulation qui participe autrement aux troubles du développement visuel.4

A noter que l’invention est conçue pour atténuer les bruits du côté où se trouve les moniteurs de surveillance avec leurs alarmes tout en incitant les parents à parler à leur enfant en leur permettant de l’observer à l’extrémité non occultante du dispositif. 1,7


Sur un plan pratique, il s’agit d’une couverture fabriquée en France, en coton grand teint, tissée et lavable. Elle est doublée, réversible et inversible (permettant de ne pas utiliser la cible et de moduler le degré d’exposition à lumière). Son design symétrique par rapport à un plan longitudinal permet un positionnement aisé sur le dessus de la couveuse. Sa découpe en biseau autorise par ailleurs, un accès simplifié aux hublots de l’incubateur.




Références


1. Birch EE, O’Connor AR. Preterm birth and visual development. Semin Neonatol. 2001;6(6):487 97.
2. O’Connor AR, Spencer R, Birch EE. Predicting long-term visual outcome in children with birth weight under 1001 g. J AAPOS. 2007;11(6):541 5.
3. Holm M, Msall ME, Skranes J, Dammann O, Allred E, Leviton A. Antecedents and correlates of visual field deficits in children born extremely preterm. Eur J Paediatr Neurol. 2015;19(1):56 63.
4. Graven SN. Early neurosensory visual development of the fetus and newborn. Clin Perinatol. 2004;31(2):199 216.
5. Maurer D, Lewis TL. Visual acuity: the role of visual input in inducing postnatal change. Clin Neurosci Res. 2001;1(4):239 47.
6. Fielder AR, Moseley MJ. Environmental light and the preterm infant. Semin Perinatol. 2000;24(4):291 8.
7. Nissen et al. Développement des fonctions visuelles du fœtus et du nouveau-né et unités de soins intensifs néonatals. Arch Pediatr 2006

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